Masaki, sept ans.
Il pleuvait. Les gouttes tombaient, créant des 'flock flock' lorsque chaque minuscule goutte s'écroulait sur le bitume, le pavé ou sur des tuiles. La date d'aujourd'hui? Inconnue. L'heure? Indéterminable. Tout ce qui est sûr c'est que la journée est passée, ensevelie sous les amas des étoiles et son voile nocturne buvant l’atmosphère de la ville. Abritée sous un abri-bus, assise sur un banc, les jambes recroquevillés proche de la poitrine. Âgée de seulement sept ans, une fillette se réfugiait seule sous cet abri, le visage enfoui entre ses bras croisés. Elle se croyait solitaire, confinée dans une bulle où personne ne serait apte à entrer. Une enfant a besoin de se rassurer, de se convaincre que le monde tourne autour de sa personne et non le contraire. Partant de cette logique, la fille pensait que c'est légitime d'agir de façon impudente, que les adultes n'auront pas d'inquiétudes ni d'angoisse car ils savent toujours comment réagir au moment opportun. Les éclaboussures de la pluie s'infiltrant dans les recoins des carreaux, mouillant les extrémités de la chevelure attaché en queue de cheval. Pour un moins de décembre, il ne neigeait pas encore. Seulement la pluie faisait son introduction fracassante pendant les week-ends, juste avant que la semaine de noël tombe.
Recourbée sur elle-même pendant un bon moment, elle redresse faiblement les visages, yeux vairons à moité clos. Perception floutée, elle observait une figure distinctive, ne prenant que quelque secondes pour vérifier la véracité de ses pensées, embrumée. Effectivement il s'agissait de son tuteur, la personne qui l'avait adoptée, pour une raison qu'elle fait mine d'ignorer mais la vérité n'a jamais été nié depuis qu'elle a comprit que la solitude deviendra son unique compagnon. Perdre ses parents au cours d'un tragique incendie est terrible, du moins c'est que l’assistance sociale lui a raconté, il est tout aussi possible que ce conte ne soit que mensonge. Une chose est claire, vivre auprès de ses géniteurs est devenue un espoir impossible, de même que de revoir encore une fois le visage ombré de son frère aîné. Prêtant attention à l'adulte en face, conservant une posture calée sur le poids des deux jambes, une main effleure doucement le crane humide de la brune, ébouriffant de manière tendre les mèches noisettes. Raven-- Un surnom donné par Masaki puisque celle-ci n'arrivait jamais à mémoriser le prénom du mâle, inspiré d'un oiseau peu appréciable toutefois expliqué par le physique de de l'homme. Cheveux noir onyx rappelant le plumage du volatile ainsi que ses tenus principalement composé de couleur sombres et ternes, se mariant parfaitement à la vision d'un corbeau.
Bras déplié, le regard hagard, elle hésite. C'est un flagrant manque de politesse de négliger une personne plus âgé. La crainte de revoir une réprimande,d'être sévèrement grondée pour ses pêchés, pour son ignorance et sa ténacité à s'enfuir dès que l'adulte a le dos tourné. C'est lâche. C'est méprisant. Et pourtant elle ne sentait pas le poids des remords agripper son ombre.
❝ Pourquoi est-ce que tu t’enfuis lorsque nous faisons les courses? ❞
Pourquoi? Parce que c’est un acte irrationnel. S’imposer dans la vie d’un autre, de représenter une charge supplémentaire.. C’est d’être un fardeau. Un boulet ralentissant la vie d’un humain. Alors lorsque une opportunité de fuir apparaît, elle ne se prive pas de tourner les talons le plus vite possible et nicher son petit corps dans une cachette qui n’est jamais vraiment une ‘cachette’. Accablée par ses échecs, Masaki se résigne à se tenir tranquille, laissant un gros blanc peser sur atmosphère, privé d’une réponse comblant le trou de la question. Ce qui valu un léger soupir de la part de l’homme, gardant une posture debout ainsi qu’un regard sévère creusé sous les franges nocturnes.
❝ Je ne peux pas remplacer tes parents, ni avoir la prétention d’être un membre de ta famille. ❞ Le ravenet enchaîne d’un ton calme, dédramatisant la scène. Ne pas brusquer un enfant est la première étape dans la réconciliation.
❝ Mais je peux au moins devenir un ami, ce sera déjà un bon commencement. ❞
D’habitude il ne sourit jamais. Ou rarement. Cela ne faisait aucune différence puisque la petite ne voyait pas fréquemment son tuteur puisque elle passe ses journées à l’école, les temps libres étant obstinément destiné à être confiné dans sa chambre, muette comme une carpe. Ses lèvres ne répliquèrent pas le sourire bienveillant reçu. Elle ne rechigne pas pour contredire la proposition de l’aîné. En fait, le considérer comme un compagnon, un copain est plus plausible que de le concevoir comme un nouveau père essayant de remplacer les souvenirs du passé. Ainsi, elle commence une nouvelle vie, balayant les débris de l'ancien temps de sa mémoire,désormais concentrée sur le présent actuel. Et sa moue penchant vers une légère grimace mécontente après s'être aperçu qu'une partie de ses cheveux est emmêlés comme des lianes, l'agaçant brièvement. C'est rassurant de se dire que finalement, quelqu'un est toujours là pour veiller sur les autres malgré les bêtises commîtes. Admettre ses erreurs est dur, c'est comme fracasser sa propre fierté, la piétiné une bonne fois pour toute. Personne n'aime être rabaissé mais délaisser ses responsabilités et ne pas reconnaître ses défauts est plus pitoyable que n'importe quel tort. Si quelqu'un est assez indulgent pour pardonner ses coups de tête et démontré des preuves d'affection, peut-être qu'accorder une chance ne serait pas une perte. C'eut été une méditation mouvementée, mais Masaki était prête à rester auprès de la personne qui lui avait donné la foi d'accorder sa confiance, encore une fois, et peut-être qu'encore une fois elle se fera bernée, mais au moins l’expérience lui servira de leçon et de ne surtout pas se laisser marcher sur les pieds.
Sur le chemin du retour, main lié avec l'autre, plus froide et rigide, l'autre main juvénile supportant le poids du parapluie, l'enfant lève les yeux, hésitante. Elle n'avait pas l'habitude de poser des questions. Elle se terrait dans son silence, laissant souvent son tuteur décider de ses choix, et goûts. La pauvre est transparente, terne et sans personnalité. Cependant pour son bien-être, et spécialement pour faire plaisir à l'adulte qu'elle respecte et admire énormément pour son sang-froid, sa langue se délie, brisant le mutisme instauré peu après son adoption.
❝
Est-ce qu'un jour, j'aurai des amis... Une... Vie... Normale...? ❞ Ses doigts tièdes pressaient ceux du corbeau, celui-ci abaissant la rotation de son visage, une main creusant le menton plongé à l'intérieur de l'espace crée dans la paume.Dire la vérité aux enfants n'est jamais une décision rapportant des résultats positifs. Mais tordre la vérité et illustrer une vie remplie de mensonge n'est pas un mode de vie sain et éducatif. D'une intonation ferme, ses mots se chuchotèrent presque, comme pour préserver l'équilibre du calme et du tempo joué par l'averse, résonnant au dessus du parapluie abritant la petite famille, leur pas trottinant dans les flaques d'eau miroitant un ciel brumé de perles scintillantes.
❝ C'est mieux d'avoir une vie originale que banal, non? Tu te feras des amis, des gens sur qui tu pourras compter et vice-versa. ❞
Il ne l'a pas exprimé directement mais il espérait très fort que sa petite protégée l'accepterait comme un membre à part entière de sa famille, ou du moins, comme une personne important plutôt que le simple titre 'tuteur' qu'énormément d'enfants voue une haine éternelle.
Elle se contente de la réponse vague, réprimant silencieusement par un sourire enfonçant ses lèvres dans une contorsion franche, la cadence de sa marche coordonné avec l'empressement de rentrer chez son nouveau chez-soi le plus rapidement possible, l'hétérochromie de ses yeux brillant de mille feux bafouant son expression principale qu'est l'indifférence, la frigidité de ses traits de porcelaine finalement réchauffé par des sentiments appelé 'Amitié' et 'Affection' envers quelqu'un qui ne souhaite finalement que le bonheur d'une orpheline recueillie il y'a quelque mois, pendant un certain mois de Mai.
Masaki, 10 ans.
Isolée. C'est le mot juste pour définir sa situation actuelle. Après le décès de ses parents et placée sous la garde d'un parfait inconnu, le choc fut dur à avaler. Et ça se ressentait jusqu'a sa santé. Elle ne dormait pas beaucoup, voire quasiment jamais. Un corps fragile, une endurance inexistante et pour couronner le tout les remarques des voisins lançant des piques dans son dos à tout bout de champ. A l'école non plus, ce n'était guère différent. La maîtresse était compréhensive et bienveillante en incitant les enfants à se lier d'amitié avec Masaki. Mais de par son manque d'entrain et sa santé ébranlée, elle se voyait dans l'incapacité de participer aux activités en groupe car elle était la cinquième roue du carrosse, une gêne qui ne faisait que ralentir autrui. Au final, c'était de sa faute d'être incompétente. La châtain ne savait pas pourquoi, cependant elle comprenait qu'aider ceux l'entourant ne ferait qu'aggraver la situation. De ce fait, sa mentalité changea progressivement. Elle devint plus fainéante afin d'économiser son souffle, elle évite d'être trop proche de ses camarades de primaire. Elle cache beaucoup ses sentiments, elle évite de trop rester avec son tuteur, de peur qu'il lui reproche quoique soit, il n'est pas la personne à blâmer, après tout. Elle s'allie avec la solitude, elle s'en sert pour former un bouclier incassable. Et depuis longtemps, faire des efforts s'est transformé en contrainte.
Masaki, treize ans.
Le temps passe, il n'attend personne. Encore moins les incapables. les années de primaire laissés derrière, se vautrant sur l'ombre de la demoiselle qui devient de plus en plus désintéressée, elle se corrodait de seconde en seconde. Au point d'haïr son prénom, un prénom représentant une victoire scintillante. Tout ce qu'elle n'était pas. Fade, sans saveur, sans ambitions, elle est la Némésis de son identité, ironie du sort. Arrivée au collège, elle ne se préoccupe pas d'intéragir avec assiduité à ses nouveaux camarades (Par peur de les décevoir), son meilleur atout fut l'ignorance, une forme de manque d'éducation qui lui attira les critiques peu chaleureuses de sa classe. Elle flânait, passait son temps à prétendre somnoler et si par mégarde quelqu'un parvenait à engager une conversation, elle défiait la rationalité, elle répondait par des questions complètement hors sujets. Folie? Non, Masaki est une énigme, elle adopte des moyens disproportionnels pour faire fuir l'adversité, aussi longtemps que cela soit nécessaire pour couler des jours paisibles au milieu de ces années interminables de collège.
Masaki ne savait pas qu'en écoutant les conseils de son tuteur et qu'avoir accepté de passer l'épreuve dans un certain lycée allait brusquement bouleverser ses habitudes et spécialement sa routine. Elle était loin de se douter que dans cet établissement hors du commun regorge une myriade d'étudiants plus farfelu les uns que les autres, qu'éviter la sociabilisation serait peine perdue. Elle devra ouvrir ses yeux et accepter un nouvel univers ouvrant ses portes aux individus égarés.
A Mikagura, c'est quitte ou double. Reculer ou avancer, il n'y a pas de juste milieu.
Masaki, quinze ans et demi.
La date de rentrée approche. Comme d'habitude, rien n'est planifié, les révisions ne sont pas aux programmes, l'inquiétude de ne pas être accepté dans un nouvel établissement également. Les priorités scolaires laissé aux soins de Raven, Masaki se prélassait sur le canapé, assise en tailleur, yeux rivés sur la télévision tandis que la bouche est remplie de morceaux de donuts. Le mythe d'une femme belle et élégante est broyée sous chaque claquement de dent déchiquetant la nourriture sucrée, enrobée de chocolat et crème. L'école, c'était un rite de passage obligatoire, une sorte de pénitence, un échappatoire au quotidien mais une prison ruinant la sociabilité des gens. Le plus claire de son temps, la brunette passe son temps dans les couloirs, ou faire une sieste pendant les courtes pauses. Parfois ses quelque amis tout aussi insupportable qu'elle viennent s'éclater ensemble en tant que bons camarades unit depuis la primaire. L'étourderie et la langue fourchue de la femelle s'est peu a peu calmé, ses mots acère n'en demeure pas rouillé sous l'ectasie perpétuelle de passe ses derniers mois de collégienne au milieu de son groupe, avant de flâner tout le long des vacances, pourrissant chaque semaine en squattant l'ordinateur et regarder la télé en dévorant des paquets de sucreries. L'attention toujours orientée vers la télévision diffusant des dessins-animés, ce n'est que plusieurs secondes plus tard que ses oreilles entendent la voix de l'adulte vivant sous le même toit, sa voix grave retentissant à moultes reprises.
❝ Masaki-- Oi, Masaki! ❞
Télécommande en main, la demoiselle baisse progressivement la télé, visage incliné en arrière. Sa réaction en disait longtemps sur ses pensées qui pouvaient parler à voix haute sans soucis.
❝
Hm, Raven-sama? ❞
❝ Je viens de recevoir l'uniforme et le manuel contenant le règlement de ton lycée, Mikagura. ❞
Mikagura. Un établissement privé et prisé, ou les examens sont réputé pour être corsé d'année en année, enfin ce ne sont que les détails lu dans la brochure. Une école sans repaires ni amis et ni d’expériences à partager, pour faire court un nouveau départ s'annonce. Masaki ne tardait pas à tendre son bras vers un sachet tendu, le contenu ne demeurant qu'un mystère pendant un bref instant. Un uniforme noir et masculin était proprement plié et rangé dans le sac. Croyant d'abord à une mauvaise blague, l'adolescente fronce les sourcils, le regard remplie de doutes. ❝ Euh.... Je ne me souviens pas d'avoir mit 'homme' en tant que sexe. ❞ Elle réprimande, visant le vêtement erroné. Aucune chance qu'elle porte un uniforme masculin, aussi distingué et chic soit-t'il. Cependant, après mûr réflexion et une pause marquée d'un roulement d'yeux, un détail apparentant au jour de l'entretien lui revint en tête, les lèvres pincées et le visage grimaçant, les mots tombent sous la respiration inhalée.
❝
Ahaha.. Je crois que j'ai foiré. Le jour des inscriptions, je ne me suis pas correctement habillé, et le prof qui m'a reçue m'a peut-être confondu avec un garçon... ❞ Trois petit points marquent la fin de l'aveu, le visage empli de désespoir et de honte face à un homme concerté, la main couvrant la majeure partie de son visage. Un facepalm dans toute sa splendeur. Et ce n'est pas le plus gros souci annoncé, non, on trouve toujours pire que ce genre de mauvaise nouvelle coulant à flot. A part la différence d'un uniforme scolaire, la seconde mauvaise nouvelle de la journée allait décidément pourrir ces derniers jours de vacances.
❝ Cette école est un internat, tu n'auras pas le droit de sortir. ❞
C'est la goutte qui fait déborder le vase. Un internat? Sérieusement? Sans blague? Est-ce vraiment un détail important et immanquable? Le souvenir d'avoir examiné la ligne précisant la possibilité d'être logé et nourri ne lui dit rien, ce qui l'inquiète grièvement. Conclure ses journées dans l'enceinte d'une école est suffisamment barbant, le pire étant d'accepter directement que les vacances auront place sur un même lieu plutôt que chez soi, dans son cocon familial, à l'abris du danger, de l'insécurité et des autres craintes. Impossible de faire un retour en arrière. Les inscriptions sont validés, l'uniforme envoyé, tout est prêt pour subir cet enfer communément appelé 'rentrée'. Parmi des centaines d'élèves, se fondre dans la masse et prier pour que personne ne la remarque, comme si un fantôme se faufile parmi la masse d'adolescents regroupés en un troupeau. Utiliser des stratagèmes toute sa vie pour fuir le peuple n'est pas une existence de rêve, et bien que c'est trop tard pour annuler les préparatifs, se conformer aux règles et cohabiter avec d'autre gens pendant une longue période n'annonçait rien d'excellent, un peu comme un mauvais présage, quelque chose de suspicieux.
❝
Pff, ai-je vraiment le choix de refuser? ❞ Bien sûr que non, c'est impensable. Malgré les rétorsions, il faut se soumettre aux règles et obéir, tel un bon élève le ferait. Les mois s'écoulent, le jour de la rentrée approche à grand pas, il est grand temps de dire au revoir à la vie de collégienne et saluer une nouvelle, certainement amusante et pleine de rebondissements. C'est attristant de se dire qu'elle ne pourra pas rentrer à la maison comme bon lui semble, mais les vacances sont là pour décompresser, n'est-ce pas? Les sorties sont autorisés pendant ce break, pas vrai? Noël aussi, c'est considéré comme un jour spécial, imaginer cette journée sans être entourer de ses proches, c'est frustrant et littéralement un supplice si son tuteur n'est pas disponible. Disons que Masaki est assez dépendante de lui, laissant toujours son gardien prendre soin de son bien-être. Une dépendance embarrassante pour quelqu'un supposé s'assumer soit même, être autonome.
Sept heures trente, le réveil sonne lourdement. Le signal donné pour la rentrée tant attendue(?) arrive enfin. Petit-déjeuné préparé, le sac rempli de bouquins et d'affaires établi pour suivre les cours tranquillement, le seul point noir réellement désagréable est l'uniforme masculin. Généralement pas contrarié de porter des tissus taillés pour les hommes, c'est d'avantage énervant de voir qu'en dehors de la maison, personne n'est capable de faire marcher sa cervelle pour produire des pensées cohérentes, au grand dam de la victime reniant sa part de responsabilités en dépit des conséquences de ses mauvaises habitudes résultant un comportement indigne d'une fille. Ce qui est fait est fait, il y aura une autre méthode pour régler ce problème une fois sur place. Demander un échange d'uniforme, ce n'est pas compliqué, non? Une idée simpliste offre souvent une multitude de réponses, désagréables et plaisante, tout dépend de la façon dont la requête est formulée. Si le directeur est compréhensif, c'est un point non négligeable. Pourvu que personne ne reconnaisse ses traits féminins obscurci par les montagnes de mèches châtain cascadant le long de son visage ne la décevrait pas, cette fois-ci.. Commencer la première journée avec une mauvaise réputation est horrifique.
Une fois habillée et le ventre bien remplie jusqu'à la prochaine pause déjeuné, la cravate adornant le fier symbole de l'honorable école privée accueillant les meilleurs élèves à travers des examens originaux est noué au col de la chemise blanchâtre, les mains de porcelaine se noyant dans la longue chevelure de la femelle s'enroule férocement avec un élastique grisâtre, l'océan chocolaté est vivement lacé en une queue de cheval désordonnée, donnant la perspective qu'un homme a complètement oublié d’amener son peigne avec soi. Ordinairement, ses cheveux sont embellis par une paire de ruban bleuâtre, mais franchement c'est la honte de s'introduire dans un groupe avec des vêtements hommes et une coupe féminine. Parfait, tout est en ordre, le plus important est de s'empresser sur le chemin conduisant au portail ouvrant ses portes droit vers un abysse infernal, là où la sociabilité et amitié régnant en maître, en plus de constater avec frayeur que l'établissement est entièrement peint en rose et rouge, deux couleurs vivaces aux tons énergique, souvent mariés avec le thème de l'amour et du courage. C'est merveilleux de se dire que ces nouvelles années seront bénis sous le pouvoir de l'attendrissement et la bravoure.. Décidément, gâcher ses journées à rester avachi sur le canapé et faire un marathon d'animes pendant une semaine non-stop. Le cerveau en prend plein la tronche et au final, l'abrutissement s’amplifie.
Bottes blanche enfilés, avant de quitter la maison, Masaki laisse un petit mot d'au revoir collé comme post-it sur le frigidaire, elle traverse le seuil de la porte, un dernier coup d’œil se catapulte discrètement, une grimace enfantine emplie de anxiété fait une dernière révérence avant de tirer refermer la porte, inspirant l'air frais du'une matinée sous le soleil d'un temps printanier veillant sur les écoliers de cette année. Le trajet se déroule sans encombres, oreilles absorbés par les chansons repassant en boucles depuis un quart d'heure, accompagnant les pas se mêlant à de la dance rythmique saturant complètement la mauvaise ambiance du réveil. Après tout, embobiner tout le monde au sujet de son sexe, sa personnalité et toute les informations orbitant autour de son passé. Un fin sourire narquois s’allonge sur les creux de sa bouche dessinant l'ébauche d'un amusement sans nom, une sorte de sentiment agréablement surprenant, berner autrui n'a jamais eut une place au sein de son cerveau, néanmoins si la supercherie doit se loger dans un laps de temps indéterminable, pourquoi ne pas en tirer profit avant de faire tomber le masque?
Dix minutes disparaissent derrière le bruits des claquements de talons marquant l'entrée fracassante de l'homme-- la fille poussant la première porte de l'école Mikagura, la montée d'escaliers se fait sans encombres, les cris d'ébahissement des élèves censurés sous les coups de guitares provenant de sa paire d'écouteurs transformant cette réalité flasque en une véritable arène musicale, chaque mouvement étant programmé pour se métamorphoser en une dance corporelle, les autres personnes affluant tous vers la sortie du couloir démontrèrent une robustesse incroyable, leur esprits flamboyant de détermination et de fermeté. En théorie, ce serait en dehors des classes qu'ait lieu la présentation des nouveaux élèves et professeurs? Certains jeunes transportent à bout de bras des pancartes marqués 'Welcome, freshmans!!', confirmant ses présomptions. Suivre et se laisser guider par le troupeau, c'est ça? Pas de problème, cela semble raisonnable.
D'un pas décidé elle descend de la mezzanine, sa fine silhouette se fondant dans la meute de jeunes tous rassemblés à l'extérieur de l’établissement, le lieu entouré par des gradins comblé de monde, principalement des étudiants, rien d'étonnant mais tout aussi stressant.. Normalement les présentations ne sont pas préparer en classe, plutôt que dans un endroit bondé de gens? L'impression de servir de bête de foire est forte,les regards braqués sur les nouveaux lycéens est d'autant plus paralysant et dieu sait que faire marche arrière signerait la fin de sa nouvelle vie en société. Heureusement pour elle, en échange de son silence et de sa capacité à ne pas trop attirer l'attention, aucun autre camarade ne remarquait la tension lié à sa tranquillité apparente, ni le fait que cet homme est une fille coincée entre une cravate pliée et une veste noire enfilé autour de la taille, digne d'un gosse rebelle de dix ans. Et les surprises sont loin d'être finie puisque avant même de pouvoir questionner la signification de cette cérémonie tumultueuse, d'autres ombres trottent progressivement le long de l'arène, les cris des spectateurs accueillant chaleureusement des élèves apparemment populaires. Être contrainte de s'intégrer partiellement à l'ouverture d'une sorte de festival culturel sonne comme un moment opportun pour radicalement faire une bonne impression, rencontrer des nouveaux copains et tout les détails qui collent parfaitement à une vie scolaire rêvée.
Si seulement l'obligation de rejoindre un club ne venait pas tout gâcher au bout de cinq minutes. Au détriment du divertissement, l'engagement d'avoir une sorte de 'hobby' et de se coltiner un club entier jusqu'à la fin du lycée ne sonnait pas du tout attrayant en dépit de certain membres de clubs se montrant très compatissant chaleureux, la plupart des autres aînés demeure discret, et d’autres sont typiqye doués pour effrayer les petit nouveaux encore perdu au milieu d'un mode de vie hors du commun.
❝ Psst.. Hey, c'est à ton tour... ❞ Un garçon de son âge lui donnait des coups de coudes discrètement, tête proche de l'oreille du pseudo-homme simulant une attitude décontractée, bras croisés contre le torse et une jambe appuyé sur l'autre. Premièrement, ne pas s'exclamer haut et fort. Parler d'une voix sotto-voce et contenir la quantité phénoménale d'angoisse se propageant dans ses veines. Inspirant et expirant, une chaussure écrase le bitume, une main frottant frénétiquement une mèche violette, comme pour dissuader l'inquiétude de gagner du terrain. Son vœu est accordé, les tremblements incessants des doigts s’arrêtèrent à point nommé quelque secondes. Désormais c'est son moment de gloire, de briller et de montrer ce qu'elle vaut. Pas question de se soumettre et céder à un devoir d'intégrer un club, le premier jour qui plus est! Ce concept lui échappait, elle trouvait cette règle puérile, et entêté comme elle est, revenir sur ses paroles est plus ou moins considéré comme un manque de force morale.
❝
..Premièrement, je pense que je me suis trompée d'endroit pour mes cours. Deuxièmement, c'est impossible que je rejoigne un club. J'veux dire, c'est pas mon truc, en gros, oubliez moi, ne venez pas me chercher pour m'incorporer dans une activité alors que je n'ai pas la volonté de faire ce que vous pratiquez. ❞
Son discours eut le don de choquer l'assemblée dans son intégralité, y comprit les autres freshmans grimaçant avec un air ahuri, la comparaison de rencontrer un alien sur terre à côté d'une élève refusant de suivre facilement un principe bête. Un étudiant plus âgé essaya de donner une répartie calme et rationnelle, essayant vaillamment de la dissuader de ne pas rejeter la proposition de rejoindre un club, mais le résultat est comme communiquer avec un mur. Jamais il ne vous répondra, aussi longtemps que vous continuer de monopoliser la parole. Ce genre d'engouement tombe souvent dans l'oreille d'un sourd, le meilleur exemple exposé est celui-ci.
Masaki tire sa révérence, évitant de croiser le plus de regard possible, soulagée que sa langue n'a pas gaffé, en dévoilant son nom ou une information trahissant son spectacle d'aujourd'hui, quel que soit le niveau de gravité de cette rébellion à l'apparence insignifiante, elle est loin de se douter que sa paresse lui coûtera cher, d'énormes regrets en perspective et le goût amer de s'apercevoir que de dormir dans un sac de couchage chaque nuit est dû au fait que les nouveaux lycéen non admis dans un club se voient interdit de séjourner dans un dortoir convenable et de bénéficier du confort essentiel.
Au préalable la première chose à rectifier est ledit changement d'uniforme en allant rendre une petite visite chez le principal ou que sais-je encore, ce faux pas accidentel n'est que le prélude d'une aventure dictée par la résolution de transgresser cette loi par tout les moyens nécessaires.
« Hey, I'll make a fist, and thrust it upward
Just do what you want, I'm winning, winning! »